Publié le 27 Juillet 2021

Yves Veyrier (FO) : "La suspension du contrat de travail sans salaire reste une sanction lourde !"
Soulagé de voir écartée la menace de licenciement pour un salarié sans passe sanitaire, le secrétaire général de FO estime néanmoins que la solution retenue, une suspension du contrat et de la rémunération, n'est "pas satisfaisante", la rupture avant terme d'un CDD s'apparentant à ses yeux à un licenciement. Yves Veyrier juge possible de convaincre une majeure partie des salariés de se faire vacciner sans recourir à la contrainte. Interview.
Comment réagissez au texte définitivement adopté par le Parlement sur le passe sanitaire et la vaccination, qui est soumis au contrôle constitutionnel en ce moment ?

Au moins la menace de licenciement d'un salarié dépourvu de passe sanitaire a-t-elle été écartée ! Cela étant, et je ne sais pas ce que dira le Conseil constitutionnel (1), mais pour les salariés en contrat à durée déterminée, la rupture avant terme du contrat est l'équivalent d'un licenciement.

La rupture d'un CDD avant terme équivaut à un licenciement ! 

 

Par ailleurs, la suspension du contrat du salarié et de sa rémunération reste une sanction lourde et ce n'est pas satisfaisant ! Le problème vient de la façon dont les choses ont été abordées dès le départ. Opter pour une obligation vaccinale ou une obligation de passe sanitaire assortie d'une sanction était une erreur.

Il aurait fallu chercher à informer et à convaincre 

 

Il aurait fallu présenter les choses en disant : les autorités scientifiques compétentes estiment qu'il est aujourd'hui nécessaire que soient vaccinés les personnels en contact avec le public, vulnérable notamment, pour protéger leur santé et celle du public concerné, et il faut que cela soit largement fait à telle date. Et employer ce temps à convaincre la population. On voit dans la carte diffusée ce week-end sur les zones de France où la population a été plus ou moins vaccinée (2) que la situation est très inégale, à la fois entre les centres urbains et les zones rurales, mais aussi du fait des inégalités socio-professionnelles, entre CSP + et employés et ouvriers. Il faut beaucoup plus et beaucoup mieux informer.

Justement, conseillez-vous aux élus, délégués et militants FO de se faire vacciner ?

Attendez, nous avons assez dénoncé le manque de masques, de blouses, d'équipement de protection, nous avons assez réclamé, quand nous faisions face à un manque de doses, que les salariés au contact du public aient le plus rapidement possible accès à la vaccination pour n'avoir aucun problème à dire que le vaccin fait bien sûr partie des éléments disponibles pour protéger sa santé et celle des autres ! En tant que syndicat, nous n'avons pas de compétence pour conseiller tel ou tel traitement médical.

Le vaccin fait partie des éléments disponibles pour se protéger ! 

 

Mais j'ai toujours dit que les décisions de santé publique qui aboutissent à des prescriptions d'ordre public relèvent de la responsabilité des pouvoirs publics et des autorités scientifiques compétentes. Nous avons aujourd'hui des vaccins homologués par les autorités scientifiques qui homologuent aussi les traitements que reçoivent tous les jours les malades du Covid. Pourquoi ferait-on confiance à ces autorités pour prendre du doliprane ou recevoir des traitements lourds à l'hôpital et pas pour l'homologation de tel ou tel vaccin ?

Une obligation vaccinale généralisée n'aurait-elle pas été préférable ?

En dehors de l'obligation de vacciner les enfants pour qu'ils soient admis à la crèche et à l'école, une contrainte socialement acceptée même s'il y a toujours quelques récalcitrants, je ne connais pas d'obligation vaccinale pour les adultes qui serait aussi étendue et contraignante. Aurait-elle été mieux acceptée que l'obligation de passe sanitaire ? Je n'en suis pas sûr vu les réactions et débats auxquels nous assistons. Nous faisons face à une situation extraordinaire. La peur du virus demeure, et il faut se souvenir qu'on a accepté le confinement, qu'on a accepté les gestes barrière, mais s'y ajoute aussi une peur de la vaccination chez certains. Malgré toutes ces interrogations, j'observe néanmoins que la France compte 40 millions de personnes ayant reçu une première dose. Donc il est possible de convaincre, par l'explication et l'information, une large partie de la population qu'il faut se vacciner.

Ces dispositions vous paraissent-elles constituer un risque de dégradation des relations sociales ?

Cela ne facilite guère la marche vers une vaccination apaisée. Vacciner protège du covid, mais le faire sous la menace d'une sanction génère une tension et un malaise qui ne sont pas sains. 

 

 

(1) Le Conseil constitutionnel, qui va faire l'objet de plusieurs saisines dont celle du gouvernement, rendra sa décision le 5 août.

(2) Il s'agit d'une carte publiée par le Monde, à partir des données calculées par le géographe de la santé Emmanuel Vigneron. Cette carte met en évidence, souligne le quotidien, une France divisée sur le plan de la vaccination entre Nord-Ouest et Sud-Est, entre centres urbains et périphéries, ainsi qu’entre communes riches et pauvres. 

 

Source : Editions Législatives

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Rédigé par FO 3M SOA

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Publié le 16 Juillet 2021

 

Dans le cadre du Pacte vert, la Commission européenne prévoit des mesures visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 55 % d’ici 2030 par rapport à 1990. Si la Présidente de la Commission européenne considère que les mesures dénommées « Fit for 55 » sont une feuille de route alliant la recherche de l’objectif fixé de préservation du climat et l’assurance de placer « l’équité sociale et l’emploi » au cœur de la transformation verte, FO exprime ses plus vives inquiétudes quant aux impacts sur l’emploi dans de nombreux secteurs mais aussi sur les ménages qui devront supporter le coût des décisions prises.

Pour FO, si la lutte contre le réchauffement climatique est essentielle, elle doit nécessairement s’accompagner de mesures de transition socialement justes, notamment pour les travailleurs des secteurs touchés. Ainsi, l’arrêt du moteur thermique en 2035 est un élément majeur d’inquiétude. Il en est de même pour les mesures prises dans le secteur de transport aérien qui risquent de conduire à des distorsions de concurrence et au moins-disant social.

De même, l’augmentation de la part des énergies renouvelables à 40 % dans le mix énergétique visé pour 2030 doit prendre en compte la problématique du recyclage des installations en fin de vie, notamment panneaux solaires et éoliennes, dont les volumes vont inévitablement s’accroitre dans les années à venir. En outre, FO revendique l’intégration du nucléaire dans la taxonomie verte.

FO estime indispensable que les bilans énergétiques et environnementaux des différentes options soient évalués précisément et scientifiquement afin que les choix puissent être opérés en connaissance de cause.

Par ailleurs, si la directive sur l’efficacité énergétique multipliera presque par deux l’obligation annuelle en matière d’économies d’énergie pour les États membres, FO s’interroge fortement sur les mesures qui découleront de cette obligation transposable en droit national et estime indispensable de connaître les dispositions qui en découleront.

De plus, l’extension du système du marché carbone au transport routier et au chauffage des bâtiments pourrait impliquer une augmentation des prix à la pompe et des factures énergétiques. Le fond social devra donc amortir le coût pour les salariés qui ne seront pas tous en mesure d’y faire face.

Devant l’ampleur des impacts des décisions européennes sur l’emploi, FO rappelle que le dialogue social et la négociation collective, à tous les niveaux, sont essentiels pour garantir aux salariés la défense de leurs intérêts.

BÉATRICE CLICQSecrétaire confédérale au Secteur de l’Egalité et du Développement durable

MARJORIE ALEXANDRESecrétaire confédérale au Secteur International, Europe et Migrations

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Publié le 16 Juillet 2021

La période des congés démarre, mais nous étions encore, le 6 juillet, reçus à l’Élysée par le président de la République, accompagné du Premier ministre, de la ministre du Travail et du ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance.

Cette réunion avait pour objet initial un échange sur la situation sanitaire, économique et sociale.

Avec une question qui a fait intrusion récemment : celle de la vaccination obligatoire en lien avec le risque d’une quatrième vague liée au variant Delta. Constants dans notre attitude, nous avons dit qu’il ne nous revenait pas de nous substituer aux pouvoirs publics en la matière. Les prescriptions d’ordre public en matière de santé relèvent de la responsabilité du gouvernement, comme elles l’ont toujours été, y compris pour les autres vaccins. Ce qui nous importe est que les mesures nécessaires à une protection la plus efficace de la santé soient mises en œuvre. C’était vrai pour les masques, le gel, c’est vrai pour le vaccin qui est aujourd’hui, à l’évidence, le moyen de se protéger individuellement et collectivement.

Il faut informer – notamment les publics les plus difficiles d’accès, éloignés des centres de vaccination, en situation de précarité –, expliquer et rassurer.

Il faut créer un environnement favorable en facilitant la vaccination sur le temps de travail pour les salariés, en ne leur opposant pas la journée de carence en cas d’arrêt maladie lié aux effets secondaires.

D’une manière plus générale, nous avons mis l’accent sur la protection des emplois et sur les salaires : rappelant la nécessité de mettre fin aux emplois confinés aux bas salaires, au temps partiel, aux contrats courts, que subissent plus souvent les femmes ; mettant l’accent sur les processus d’externalisation de nombreux services aux entreprises (accueil, sécurité, nettoyage-propreté…) et le recours à la sous-traitance en cascade, générateur d’insécurité socio-économique, au gré des renouvellements d’appels d’offre, et l’enfermement des salariés des prestataires sans perspective d’évolution professionnelle ; rappelant l’impératif de lutter contre la financiarisation de l’économie déconnectée de l’économie réelle, et d’une évaluation sérieuse des aides publiques aux entreprises, qui devraient être systématiquement soumises à conditions et contrôlées.

Quand le ministre de l’Économie table sur l’épargne des ménages, il conforte de notre point de vue qu’augmenter les salaires ne s’oppose pas à l’emploi, sous réserve que dans le même temps on lutte effectivement contre les délocalisations et le moins-disant salarial et social.

Nous avons aussi mis l’accent sur le rôle des services publics quant à la lutte contre les inégalités et qu’il ne pouvait être compris que se poursuivent des fermetures de lits à l’hôpital, de classes dans les écoles, de bureaux de poste, de services aux finances et dans les services de l’État.

Enfin, et bien sûr, puisque tournait depuis plusieurs jours le sujet des retraites, quand le président nous a dit que de son point de vue la question n’était pas tant faut-il réformer ?, mais quand et comment ?, nous avons répondu qu’en ce qui nous concerne, nous contestons le bien-fondé même d’une réforme du système actuel des retraites, a fortiori pour en reculer l’âge sous quelque forme que ce soit. Tous ces jours derniers nous avions eu à expliquer que la priorité est celle de l’emploi et des salaires.

À FO, nos devoirs de vacances ne seront pas de mettre à bas le système des retraites, mais bien de réviser nos moyens d’agir si besoin contre toute tentative éventuelle en ce sens et en tout cas pour préserver et améliorer le sort des salariés, femmes, hommes, jeunes et moins jeunes, retraités et demandeurs d’emploi !

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Rédigé par FO 3M SOA

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Publié le 16 Juillet 2021

Malgré le contexte sanitaire – dont il a souligné la gravité justifiant la décision d’aller vers la vaccination obligatoire des personnels soignants et non soignants au contact de personnes vulnérables dans un premier temps – le président a confirmé son intention d’imposer la réforme de l’assurance chômage et de ne pas abandonner le projet de réforme des retraites.

Ce faisant il a repris des arguments sous forme de slogans jamais démontrés et qui n’ont jusqu’alors jamais convaincus. Malgré plus de deux années de concertations, le gouvernement n’était parvenu ni à expliquer ni à convaincre sur son projet de réforme des retraites « extrêmement complexe et porteur d’inquiétudes » et, dès son origine, les cinq confédérations ont contesté la réforme de l’assurance chômage motivée par l’objectif de réaliser de 3 à 4 milliards d’économies sur l’indemnisation des demandeurs d’emplois.

FO conteste le bien-fondé de la réforme de l’assurance chômage dont l’injustice à l’égard des travailleurs les plus précaires ne sera en rien compensée par les annonces d’intention relatives à la formation des demandeurs d’emplois.

Comme FO conteste le bien-fondé de la mise en cause du système de retraite et l’inéluctabilité du recul de l’âge de la retraite.

Sur ces deux sujets, FO réaffirme que la priorité est de résoudre les difficultés rencontrées en matière d’emploi : l’accès à un emploi à temps plein pérenne pour les jeunes, les emplois à bas salaires, à temps partiel subi, que subissent plus souvent les femmes, les difficultés de conserver ou de retrouver un emploi pour les seniors.

Si le président a voulu se monter combatif sur le champ de ces deux réformes, FO entend l’être tout autant.

FO sera parallèlement attentive à ce que la situation ne conduise pas à justifier des atteintes aux libertés syndicales.

YVES VEYRIERSecrétaire général de Force Ouvrière

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Rédigé par FO 3M SOA

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