LE 1ER MAI: TOUTE UNE HISTOIRE
Article de Gérard Mazuir Secrétaire confédéral, paru dans FO Hebdo n°2892
Maurice Dommanget [1888-1976] se destine très jeune à l’enseignement, à l’École normale et à la Sorbonne, il se passionne pour le syndicalisme et le socialisme internationaliste. Il est l’auteur,
trop méconnu, d’une cinquantaine d’ouvrages importants d’histoire sociale. Instituteur, syndicaliste actif et chercheur, il reste le seul à avoir créé une Histoire du 1er mai en langue française,
qui fait autorité depuis près de quarante ans*. Ainsi nous en démontre-t-il l’origine révolutionnaire, depuis le 1er mai 1886, jour de revendication uniforme: «À partir d’aujourd’hui nul ouvrier
ne doit travailler plus de huit heures par jour! Huit heures de travail! Huit heures de repos! Huit heures d’éducation!» Les travailleurs à l’époque bossent entre 12 et 16 heures par jour. Les
six morts et la cinquantaine de blessés graves à la suite d’une grève sanglante pour obtenir cette revendication, en 1886, aux usines Mc Cormick à Chicago, donnent la valeur symbolique de ce jour
de revendication et de solidarité internationale. Ce 1er Mai a eu ses heures sombres, ses moments glorieux, ses jours «sans», ses récupérations politiques. Maurice Dommanget retrace, dans son
savant ouvrage, le long chemin du 1er mai, de 1886 à la fête du travail de 1941, jour chômé jusqu’aux années 1970.
Son travail de recherche mène tout naturellement à une réflexion sur les luttes socio-politiques, montrant l’accaparement de cette journée par les politiques autoritaires, de Hitler à Pétain en
passant par Staline. Il évoque aussi, et déjà, l’amalgame voulu par la classe dirigeante entre les mots «libéral» et «liberté», sorte de lieu commun qui fait des libertés fondamentales l’élément
corollaire de l’économie de marché. Depuis la première édition de cet ouvrage référent en 1972, en France, le 1er mai a été, dans la plupart des cas, pour la Confédération Force Ouvrière, la
journée de revendication et de solidarité internationale. Pour deux autres organisations syndicales –celles cosignataires avec le patronat de l’accord sur la représentativité– il a été le symbole
du syndicalisme rassemblé vers un syndicat unique par une journée dite «unitaire». Les seules exceptions à cette différence de concept ont été le mercredi 1er mai 2002, où un million et demi de
personnes ont défilé dans les rues de toute la France «pour la défense de la République», et le 1er mai 2003, où FO a manifesté pour l’avenir des retraites sur la base d’appels communs ou
convergents.
Le 1er mai 2009 sera une journée revendicative et offensive pour une augmentation générale et significative des salaires, des retraites et des minima sociaux, pour un gel des licenciements et
l’arrêt des 30 000 suppressions de postes dans la fonction publique. Pour Force Ouvrière, si le gouvernement et le patronat ne veulent pas négocier, seule une grève interprofessionnelle franche
de vingt-quatre heures, par appel commun de toutes les confédérations syndicales, sera nécessaire.
* Histoire du Premier Mai. Maurice Dommanget. Réédition en 2006. Édition Le Mot et le Reste. Collection Attitudes.
http://www.force-ouvriere.fr/