Nous y sommes ! Repoussée à de nombreuses
reprises, l’annonce de la réforme des retraites
par la Première ministre a eu lieu hier,
mardi 10 janvier. Sans surprise, le gouvernement
entend reporter progressivement
l’âge légal de départ à 64 ans, au lieu de 62 actuellement,
après avoir envisagé 65 ans. Ce report est associé à une
accélération de l’allongement de la durée de cotisation,
qui passerait à 43 ans bien avant l’horizon 2035 fixé par la
réforme précédente.
Ce projet se résume facilement,
ce sera + 2 pour tout le
monde : travailler deux ans de
plus en 2030 lorsque la réforme
s’appliquera pleinement.
Comme à chaque fois qu’un
gouvernement souhaite modifier
les paramètres du système de
retraite dans un sens toujours
plus défavorable aux salariés
pour les faire travailler plus
longtemps, il dresse un tableau
sombre de la situation financière
pour présenter la réforme comme indispensable. « La
réforme ou la faillite », dramatisait encore un ministre ces
derniers jours.
La réforme ou la faillite, vraiment ? À l’inverse des
prévisions données par de nombreux économistes, le
système de retraite a été excédentaire en 2021 et 2022
et l’estimation des déficits futurs pour les années à venir
reste limitée, quand elle ne repose pas sur des projections
fantaisistes. Et si déficit il y a, il ne provient pas d’un dérapage
des dépenses mais d’un manque de ressources, lié
notamment aux mesures d’économies réalisées sur les salaires,
entraînant logiquement une baisse des cotisations.
Le recul de l’âge légal de départ est la mesure la plus
injuste car cela va frapper tout particulièrement celles et
ceux qui ont commencé à travailler tôt, les plus précaires,
dont l’espérance de vie est inférieure au reste de la population,
et celles et ceux dont la pénibilité des métiers n’est
pas reconnue. Elle va aggraver la précarité de celles et
ceux qui ne sont déjà plus en emploi avant leur retraite et
accentuer les inégalités femmes-hommes.
Nous n’avons eu de cesse de le répéter ces derniers
mois : FO s’oppose à tout allongement de la durée de cotisation
et report de l’âge légal de départ. Nous subissons
déjà les conséquences des précédentes réformes, qui
ont déjà joué sur ces paramètres pour allonger la durée
d’activité et réduire le montant
des pensions.
Pour FO, il n’y a pas de problème
de financement des
retraites, il y a un problème
d’emploi. Il est nécessaire de développer
des emplois pérennes,
de mieux gérer les fins de carrière,
ou encore d’augmenter
les salaires, ce qui augmenterait
le volume des cotisations
et donc entraînerait davantage
de recettes pour les retraites.
Aujourd’hui, 50 % des personnes qui liquident leur retraite
ne sont déjà plus en emploi. Elles sont au chômage, en
arrêt maladie ou en invalidité ou bénéficient de minima
sociaux. Reculer l’âge de départ, c’est accroître encore
plus les difficultés de ces populations.
C’est pour mettre en échec ce projet de réforme que
toutes les organisations syndicales se sont immédiatement
réunies pour construire une réponse commune
de mobilisation interprofessionnelle. Celle-ci prendra la
forme de grèves et manifestations à partir du 19 janvier
2023, donnant le départ d’une puissante mobilisation sur
les retraites. FO, avec les autres organisations syndicales,
appelle ses militants, adhérents, sympathisants et l’ensemble
des salariés à se mobiliser pour faire reculer le
gouvernement.