Cession de SFR

Publié le 14 Avril 2014

Télécoms | La cession de SFR à Numericable risque de fragiliser la filière

lundi 14 avril 2014

par Jamel Azzouz

Vivendi a finalement choisi de vendre sa filiale SFR au câblo-opérateur Numericable. Au grand dam de FO qui avait mis en garde le gouvernement sur la menace que ferait peser cet acquéreur sur l’emploi, les conditions de travail et les salaires dans un secteur saturé.

Dans la bataille autour du rachat du fournisseur d’accès Internet et de réseau de téléphonie mobile SFR, filiale du groupe Vivendi, c’est donc le câblo-opérateur Numericable (Holding Altice Blue) qui a remporté la mise le 5 avril dernier, aux dépens de l’autre prétendant, Bouygues Telecom. À l’issue de l’opération, Vivendi (Uni­versal Music, Canal Plus…) devrait empocher 13,5 milliards d’euros au comptant et détenir 20% en capital du futur ensemble SFR-Numericable. Les dirigeants de Vivendi affirment que cette proposition était « la plus pertinente pour les actionnaires et les salariés », et offrait « la meilleure sécurité d’exécution » du projet industriel. Et ce, alors même qu’Altice va s’emparer de SFR via un montage juridico-financier appelé LBO (Leverage Buy-Out), qui permet de financer une acquisition par le recours à un fort endettement bancaire en n’utilisant qu’un minimum de fonds propres. Dans cette pers­­pective, en plus des 11,6 milliards d’euros de dettes portées par Numericable, le P-DG d’Altice a d’ores et déjà annoncé qu’il allait emprunter 8,8 autres milliards d’euros pour finaliser l’acquisition.

Une logique de dumping social aggravée

Et c’est là tout le problème, comme l’a souligné le Secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, dans un courrier envoyé le 3 avril dernier au Premier ministre, M. Valls : le LBO d’Altice a comme principal inconvénient « de ne pas traiter la question de la consolidation du secteur » en maintenant « quatre opérateurs en concurrence sur un marché saturé [Orange, SFR, Free et Bouygues Telecom, NDLR] », avec ce risque « de conduire à des plans de suppressions drastiques d’emplois (les LBO antérieurs d’Altice le démontrent) et à une baisse des investissements de la filière. Quitte à exaspérer, ajoute le leader de FO, la guerre des prix, selon une logique de dumping social aggravée », et on ne peut plus préjudiciable à l’emploi, aux conditions de travail et aux garanties collectives dans la filière. Il rappelle au passage les effets de l’entrée sur le marché en 2011 de Free avec son modèle low cost, qui a eu des consé­quences rapides et néfastes en termes de baisse des rémunérations et de destructions d’em­plois (30 000 à 60 000 emplois directs ou indirects) dans le secteur. C’est pourquoi, tant sur les plans industriel, économique et social, FO trouvait plus judicieux le projet de fusion entre Bouygues Telecom et SFR car il aurait permis de revenir à trois opérateurs de taille équivalente, le groupe Bouygues s’étant engagé à céder à Free son réseau Bouygues Telecom. Pour Vivendi, l’opération aurait été tout aussi fructueuse puisque celui-ci proposait d’acquérir SFR pour 15 milliards d’euros et d’offrir 10% des actions au terme de la fusion avec SFR, en partenariat avec la Caisse des dépôts et consignations et plusieurs sociétés du CAC 40.

L’analyse était d’ailleurs partagée par le ministre du Redressement productif, M. Montebourg, en particulier sur les questions du retour à trois réseaux mobiles et de la sauvegarde des emplois du secteur.

Rédigé par FO 3M SOA

Publié dans #FO

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O
Dans Numéricable, il y a des fonds étrangers dont Carlyle.<br /> Le fond Carlyle est connu pour la proximité de deux familles. Les Bush père et fils, et la famille Ben Laden. Carlyle organisait sa réunion annuelle le 11 septembre 2001 à New-York. Le seul avion civil ayant quitté les USA après les attentats est celui emmenant la famille Ben Laden en Arabie Saoudite.<br /> <br /> Carlyle est fort en affaire.Ainsi, Carlyle a racheté les bâtiments de l'imprimerie nationale en 2003 pour 85 millions d'Euros.<br /> L'état français a racheté ces mêmes locaux pour en faire le nouveau ministère des affaires étrangères en 2007 pour 376,5 millions d'euros... Après 120 millions de travaux<br /> lire ici : http://www.humanite.fr/node/374948<br /> <br /> En mars 2008 est annoncée la faillite de la filiale de fonds d'investissement Carlyle Capital Corporation (CCC) suite à la crise des subprimes, ce qui n'aurait pas d'« impact mesurable » sur la situation financière du Groupe Carlyle. En effet un système de cloisonnement des filiales permet de préserver l'intérêt des actionnaires en diluant le risque financier sur la collectivité
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